Favoriser la capacité de l'enfant en famille d'accueil à penser l'absence
par Cathy Fourès

è Conclusion des "Journées d'échanges cliniques Inter-A.F.T."

Au cours de cette Journée, nous avons présenté des vignettes cliniques qui montrent combien, une fois de plus, la qualité de la relation qui se tisse entre un enfant et sa famille d'accueil doit être l'objet de toute notre attention thérapeutique.
Certes, le préalable incontournable étant que nous devons faire en sorte qu'elle s'installe et se poursuive durablement,
afin de lutter contre la compulsion de répétition qui, chez ces enfants, attaque les liens; 
afin de permettre à ces enfants d'expérimenter la continuité de l'environnement, support de la construction de leur continuité psychique; 
afin de leur offrir la répétition de moments relationnels bons et structurants.

Mais d'autre part, si cela est nécessaire ce n'est pas suffisant, et nous devons aussi être attentifs à la qualité même de cette relation qui va se nouer et nous méfier de ce que nous avons appelé une "pseudo relation d'attachement".
Dans ces cas, l'enfant, terrifié à l'idée de s'"éprouver séparé psychiquement de", se colle et induit cette modalité relationnelle dans laquelle son assistante familiale se trouve bien malgré elle totalement embarquée.
La difficulté à occuper notre place de tiers entre ces deux protagonistes devient alors un clignotant significatif.

Les propositions thérapeutiques que nous utilisons habituellement (accompagnement psychologique par le référent, consultations, psychothérapie), tout comme la vie quotidienne dans une famille avec toutes ces alternances de présences et d'absences, ne suffisent pas à mobiliser profondément ces enfants.

Nous avons alors proposé à certains d'entre eux, dans notre cadre thérapeutique spécifique et rigoureux, de petits temps de séparation réguliers et précautionneusement préparés d'avec leur famille d'accueil, temps qui se répètent à intervalles réguliers et qui proposent la mise en scène d'une absence supportable pour chacun, afin qu'elle devienne peu à peu pensable.
Nous avons alors observé que leur construction en faux-self s'ébranlait pour laisser la place à l'émergence d'angoisses très archaïques, d'agressivité ou même de haine que nous recueillions, afin de leur permettre de les élaborer. Nous avons alors observé une reprise de leur développement psychique et l'apparition d'une authenticité de bon aloi.

La qualité de la relation entre l'enfant et la famille d'accueil s'enrichit alors véritablement au fil du temps et une véritable affiliation se tisse entre eux, seule garante de continuité et de solidité.

[ Ce sujet est développé dans le Compte-rendu de la Journée d'échanges Inter-A.F.T. du vendredi 26 juin 2009, Journée organisée et animée par l'équipe de l'unité d'Accueil Familial Thérapeutique du Secteur de Pédopsychiatrie 75-I-03 de l'E.P.S. Maison-Blanche. Ce compte-rendu est disponible sur demande adressée par mail au site du RIAFET.]

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